La ruche est le moteur des révolutions apicoles, des ruches en paille ou en troncs, aux ruches modernes. Une révolution est en cours dans a façon d’envisager l’habitat de l’abeille. Découvrez cette révolution !
Aux origines des ruches : la ruche en paille
Au départ, les premières ruches étaient rudimentaires, souvent fabriquées en paille ou en argile. Ces constructions simples, utilisées depuis l’Antiquité, mettaient l’accent sur la protection des abeilles tout en facilitant un minimum l’extraction du miel. Cependant, ce modèle ancestral avait des limites considérables, notamment la difficulté d’inspecter les colonies ou de prélever le miel sans perturber toute la ruche.
Un tournant majeur dans l’histoire de l’apiculture a été l’invention de la ruche Langstroth par l’Américain Lorenzo Langstroth en 1851. Langstroth est souvent considéré comme le « père de l’apiculture moderne » grâce à sa découverte de l’espace-abeille, un espace de 6 à 9 millimètres que les abeilles laissent naturellement entre les rayons de cire. En intégrant cette découverte dans la conception de sa ruche, il a créé un modèle avec des cadres mobiles qui pouvaient être retirés sans détruire les structures de la colonie. Cela a facilité l’inspection, le contrôle des maladies, et la récolte du miel de manière plus durable et efficace. La ruche Langstroth, encore largement utilisée aujourd’hui, a révolutionné l’apiculture en permettant aux apiculteurs de gérer les colonies avec un niveau de précision et de soin sans précédent.
Au XIXe siècle, une véritable révolution s’amorce avec l’invention de nouveaux modèles plus sophistiqués. En 1860, Georges de Layens, un apiculteur français, conçoit la ruche Layens, un modèle horizontal adapté aux régions froides et propice à l’élevage de colonies robustes. Cette ruche, dotée de cadres mobiles, facilite l’inspection et le suivi des abeilles, tout en améliorant l’accès aux ressources sans détruire la structure interne.
Les ruches modernes sont froides et peu confortables pour les abeilles
Quelques décennies plus tard, Charles Dadant, un apiculteur franco-américain, introduit la ruche qui porte son nom, devenue l’un des modèles les plus populaires au monde. Développée à la fin du XIXe siècle, la ruche Dadant est verticale et dotée de cadres amovibles, permettant une meilleure gestion des essaims et une récolte de miel plus respectueuse. Sa conception est fondée sur la recherche d’une plus grande efficacité pour les apiculteurs et d’un espace optimal pour le développement des colonies d’abeilles.
dans ces ruches modernes les abeilles sont « exploitées » mais sont peu protégées de leur environnement dans des boites en bois très mal isolées et peu adaptées.
Une révolution dans l’apiculture dite moderne : la ruche basse consommation
Si les modèles de ruches sont des évolutions liées à leur époque, la ruche basse consommation marque un tournant majeur dans la conduite des ruches modernes.
La ruche basse consommation représente une avancée significative dans la protection des abeilles et la préservation de leur habitat. Conçue pour être plus respectueuse des besoins naturels des colonies, cette ruche fortement isolée se distingue par sa capacité à maintenir une température et une humidité optimales, même dans des conditions climatiques extrêmes. Grâce à une isolation renforcée, la ruche basse consommation réduit les variations de température, limitant ainsi le stress des abeilles et les risques de mortalité hivernale. Cette structure favorise également une meilleure gestion énergétique des abeilles, qui dépensent moins d’énergie pour chauffer leur espace, ce qui leur permet de mieux concentrer leurs ressources sur la production de miel et la défense de leur colonie.
L’invention des PIPH de Marc Guillemain
Les PIPH (Partitions Isolantes hautes Performances) sont des dispositifs utilisés dans les ruches pour optimiser l’isolation thermique et favoriser un environnement plus stable et protecteur pour les colonies d’abeilles. Ces partitions, fabriquées à partir de matériaux isolants, sont placées de part et d’autre des cadres de la ruche pour maintenir une température constante, réduisant ainsi les variations thermiques qui peuvent stresser les abeilles, en particulier pendant les périodes de froid ou de chaleur extrême.
Le rôle principal des PIPH est de protéger les abeilles en minimisant les pertes de chaleur en hiver et en évitant la surchauffe en été. Grâce à cette isolation, les abeilles dépensent moins d’énergie pour maintenir la température interne de la ruche, ce qui leur permet de se concentrer davantage sur l’entretien de la colonie et la production de miel. Ces partitions isolantes sont un élément essentiel dans les ruches basse consommation, car elles contribuent à une gestion plus efficace de l’habitat, réduisant les risques de mortalité et améliorant la santé globale des colonies.
La ruche basse consommation
Partant du constat que les ruches modernes étaient des passoires thermiques conduisant à des surmortalités hivernales, Marc Guillemain a passé 30 ans de sa vie à mettre au point un système d’isolation efficace en s’inspirant de l’habitat naturel des abeilles, à savoir le tronc d’arbre.
Il a ainsi progressivement développé une technique devenue fameuse dans le monde apicole : la PIHP (Partition Isolée Haute Performance), utilisable dans les ruchers modernes de production, qui combine isolant réfléchissant pour renvoyer le rayonnement infrarouge sur le couvain et isolant thermique pour couper la conduction des matériaux.
Défendant son idée, contre l’avis de nombreux apiculteurs qui s’inquiétaient d’une hygrométrie trop élevée dans une ruche ainsi isolée, fermée, il a démontré que l’hygrométrie peut être d’autant plus élevée qu’elle est bénéfique au couvain et néfaste au Varroa destructor.
Jean Riondet , un auteur apicole passionnant et inlassable
Jean Riondet, apiculteur et auteur reconnu en France, est l’un des principaux promoteurs de ce modèle innovant. Depuis plusieurs années, il milite pour l’adoption de la ruche basse consommation afin de répondre aux nouveaux défis de l’apiculture, notamment face aux changements climatiques et aux menaces croissantes qui pèsent sur les populations d’abeilles. Riondet insiste sur l’importance de repenser l’habitat des abeilles pour le rendre plus adapté à leurs besoins naturels, en s’inspirant de l’écologie de l’abeille sauvage.
Il parcourt la France pour présenter la Ruche Basse Consommation, sa conduite, au travers de conférences, salons, (et webinaires).
La ruche basse consommation, associée aux PIPH, représente une véritable révolution pour la pratique apicole moderne. Dans un contexte où les abeilles sont de plus en plus confrontées à des défis environnementaux tels que les changements climatiques, les pesticides, et la réduction des ressources naturelles, ces innovations offrent des solutions concrètes pour préserver et renforcer la résilience des colonies. En optimisant l’isolation et en stabilisant l’habitat des abeilles, ces dispositifs permettent de réduire le stress des populations, d’améliorer leur bien-être, et d’accroître le rendement des ruches. Cette approche plus durable et respectueuse de l’apiculture pourrait s’avérer cruciale pour assurer la survie des abeilles, qui jouent un rôle fondamental dans la pollinisation et l’équilibre de nos écosystèmes.
Auteur : Beehoo .